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allez me signer ce papier. » Alors, déroulant une pancarte, elle m’en fit la lecture. Vraiment, c’était ridicule, après trois années passées depuis l’exécution de cette cantate, de vouloir me faire signer cet écrit jésuitique : « Je m’engage à partager avec Mme Lormeau tout ce que j’aurai ou pourrai avoir, soit en cadeaux ou en argent. » « Oh ! Madame, je vois où vous en voulez venir maintenant, au gain du procès. — Oui, dit-elle, signez ! il m’en faut la moitié. — Non, certes, je ne signerai point une chose semblable, c’est tout à fait injuste, ce que vous me réclamez là, et je vous avoue même que je trouve votre demande fort peu délicate. » Sa fureur n’eut plus de bornes, et élevant la voix plus qu’une personne comme il faut ne devait le faire, elle m’appela à plusieurs reprises : voleuse ! — Déjà, dans diverses occasions, j’avais pu apprécier son caractère peu sociable, mais ceci était trop fort, et je lui dis : « Madame, je vous pose une question, veuillez y répondre : Si j’avais perdu mon procès, eussiez-vous payé la moitié des frais ? — Oh ! pour cela, non, repri-t-elle. — Vous venez donc de prononcer votre condamnation. Deux personnes étant associées dans une affaire, serait-ce juste, que lorsqu’il y