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de neuf heures, et aussi pour elle, car elle a été fort peu goûtée. Si j’en crois le rapport des personnes présentes, elle aurait dû, en effet, commencer sa carrière un grand nombre d’années plus tôt. Aujourd’hui, et à l’âge où l’on perd au lieu d’acquérir, que peut-elle espérer ? J’en ai été pour mon obligeance, et très-mal récompensée, je puis le dire, par la conduite qu’elle a tenue plus tard à mon égard.

La chaleur tropicale qu’il faisait le 5 juillet, jointe à l’attente du rideau qui ne se levait pas, avait dû rendre le public trop impatient ; aussi les fragments de mon opéra italien, semblèrent-ils un peu froids, surtout étant chantés avec une certaine monotonie. Je suis restée convaincue que sur un théâtre, ce genre d’audition ne peut convenir ; il faut le jeu et l’entrain des acteurs. Mon opéra, Simple et Coquette, a été bien mieux accueilli, malgré que l’orchestre ait laissé beaucoup à désirer (par le manque de répétitions). Mes artistes ont chanté avec verve et talent. Mme Langeval a produit un grand effet ; et l’on a su apprécier sa voix vibrante, flexible et si remplie de sympathie, ainsi que son excellente méthode. Le baryton, M. Marval, a bien chanté aussi, et sur-