Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/109

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mes qui avaient fait l’ornement de la France philosophique pendant un demi-siècle, elle comptait dans sa société intime Destutt de Tracy, Gallois, Lefebvre de Laroche son commensal depuis trente ans, Cabanis qu’elle chérissait comme une mère : elle devait à sa longue habitude de vivre au milieu du débat des opinions diverses une admirable tolérance ; mais le jeune conquérant de l’Italie et de l’Égypte lui avait inspiré un enthousiasme qu’elle s’efforçait de faire partager à tous ceux qui l’entouraient.

Leur illusion fut de courte durée, et Grégoire surtout ne fit bientôt aucun mystère de son mécontentement. Aussi fut-il vainement présenté à trois reprises parle Corps législatif comme candidat au Sénat conservateur ; les répugnances du maître l’en éloignèrent obstinément ; car celui-ci prévoyait bien qu’il ne trouverait point dans les sentimens républicains de Grégoire, la flexibilité que tant d’autres lui avaient montrée. Le premier consul d’ailleurs, qui, dans l’intérêt de son ambition, bien plus que par tout autre motif, préparait alors une réconciliation du gouvernement français avec la cour de Rome, sentait que des faveurs accordées à un ecclésiastique