Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/111

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La fermeté de Grégoire obtint un nouveau triomphe ; son élection eut lieu deux jours après la remise de cette lettre, le 23 décembre 1801. Le vœu réitéré de la législature rendait difficile de se refuser à un témoignage aussi positif de l’opinion publique, pour laquelle on affectait encore des ménagemens.

Lorsque la députation des sénateurs se présenta chez le premier consul pour lui annoncer l’élection qu’ils venaient de faire, celui-ci en les voyant s’écria : Eh bien ! qui avez-vous nommé ?

— Grégoire.

Grégoire ! répéta Bonaparte avec un geste d’impatience et de mécontentement. Plus tard il fit des reproches sur cette élection à Kellermann et à François de Neufchâteau.

Puisque nous venons de citer ce dernier nom, qu’on nous permette de raconter un trait honorable pour celui qui l’a porté. Au sortir de la révolution, Grégoire, qui n’avait vécu que de son traitement de député, se trouva sans ressources. François de Neufchâteau, alors ministre de l’intérieur, donna à la bibliothèque de l’Arsenal un conservateur avec 4,000 francs d’appointemens ; ce fut l’ancien évêque de Blois.