Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/119

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Plus de quarante d’entre eux se démirent de leurs titres, et beaucoup, fatigués d’un long exil dont ils n’osaient plus espérer le terme par une contre-révolution tant de fois promise à leurs vœux et tant de fois ajournée, consentirent à faire partie du nouveau clergé concordatiste : ils se dévouèrent au régime impérial, et promirent fidélité à sa constitution, acceptant alors ce qu’ils avaient hautement refusé dix ans plustôt, et se servant, pour justifier leur soumission, précisément des raisons que les constitutionnels avaient fait valoir en faveur du serment civique.

D’autres, plus persévérans, ou peut-être pourvus de moyens d’existence qui leur rendaient l’exil moins dur et la constance plus facile, refusèrent obstinément leurs démissions. Mais ce qu’il y eut de bizarre, c’est qu’eux aussi invoquèrent à leur tour les motifs dont s’étaient autrefois servi les assermentés pour établir la canonicité de leurs titres : tant l’argumentation est un instrument flexible entre des mains exercées ! Devenus tout à coup partisans zélés des libertés gallicanes et de l’ancienne discipline, qu’ils avaient foulées aux pieds en 1791, en déclarant alors que leurs titres dépendaient exclusivement