Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/129

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teurs, etc., au nombre d’environ soixante, pour aviser aux moyens de rétablir à Saint-Domingue l’autorité française. La mode des idées libérales et philantropiques était déjà remplacée par celle de caresser les désirs du maître. Aussi la plupart des membres de cette nombreuse commission s’empressèrent-ils de proposer des mesures promptes et rigoureuses. L’un invoquait la force des armes pour dompter la rébellion et réinstaller l’esclavage aboli par la Convention ; l’autre voulait que l’on décimât les coupables, afin d’imposer l’obéissance par la terreur : il est des hommes à qui ce moyen semble tellement salutaire, qu’ils l’emploient indifféremment au service de toutes les causes. Quelques uns préféraient user d’adresse ; ils proposaient de gagner les chefs nègres par des promesses, et de tâcher de les amener en France, où l’on pourrait les garder prisonniers, sauf à leur assurer une modique pension.

Grégoire n’avait point encore donné son opinion. Le premier consul l’interpella : Qu’en pensez-vous ?

Je pense, répondit-il, que, fût-on aveugle, il suffirait d’entendre de tels discours pour être sûr