Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/132

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« Dans le principe, c’était au Corps législatif et au Tribunat qu’il fallait présenter les demandes de conscriptions ; cela n’était point du ressort du Sénat. La première demande de ce genre fut présentée par Regnault (de Saint-Jean-d’Angély), sous prétexte d’urgence. L’usage continua.

« Ainsi, par des sénatus-consultes, on démolit successivement tous les principes de liberté, toute constitution ; le Sénat ne fut plus qu’un bureau d’enregistrement des volontés de Bonaparte.

« Depuis long-temps il aspirait au sceptre : le titre de premier consul était beau ; mais il voulait descendre au rang d’empereur, auquel l’opinion attache de plus grandes idées qu’à celui de roi.

« Son ambition, secondée par ses créatures, éclata enfin ; le Tribunat, censé défenseur des droits du peuple, prit l’initiative par l’organe de Curée, et tous s’empressèrent de suivre son exemple, excepté Carnot.

« Le Tribunat, pour récompense, fut supprimé bientôt après.

« Quand il fut question de faire ratifier le vote du Tribunat par le Sénat, on prit d’abord une forme insolite. Une lettre adressée à chaque sénateur les invita à manifester individuellement leur pensée. La plupart sans doute répondirent par un assentiment servile, en se courbant ventre à terre. Quelques uns gardèrent le silence. Mais deux au moins répondirent négativement : Lambrechts et Grégoire. Ce dernier envoya même une série d’articles dont il de-