Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/134

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sume que ce fut M. Garat. Il y aurait eu, sans doute, quatre votes négatifs si M. Lanjuinais n’eût pas été absent.

« Le lendemain, quand on proclama l’élévation de Bonaparte au trône, cette annonce fut écoutée dans un morne silence, avec une espèce de stupeur générale ; ce qui n’empêcha pas les journaux de débiter le lendemain, à toute la France, que cette proclamation avait été couverte d’applaudissemens ; les journaux n’étaient que les échos des volontés du maître.

« Portalis avait dit à la tribune du Sénat qu’un empereur était nécessaire pour qu’il n’y eût ni maître ni sujets. Divers journaux (par ordre sans doute) travestirent la phrase en disant : ni maître ni esclaves.

« La minorité du Sénat, à laquelle viennent s’aggréger actuellement certains personnages que la vérité et l’opinion publique en repoussent, fut constamment moindre qu’on ne le croit. Dans quelques circonstances, telles que le divorce, l’occupation des États romains, il y eut quelques votes négatifs de plus que sur l’impérialité ; mais ce dernier article, le plus important, donne la juste mesure de la lâcheté de ce corps ; elle prouve que la chose publique périclite quand elle est livrée à des hommes qui peuvent avoir des talens, des qualités aimables, mais qui sont dépourvus d’énergie et sans probité politique. »


Les autres fragmens que nous possédons,