Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/156

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vous, ce qui signifie très clairement que mon exactitude est double de la vôtre. Nous arrivâmes lundi à Rotterdam, après avoir voyagé toute la journée, le matin par eau, le soir par terre ; mais cela ne ressemblait aucunement au voyage de Saint-Cloud par terre et par mer. Dans le petit vaisseau qui nous portait nous eûmes le désagrément d’une société telle, que des trois choses indiquées par Voltaire en parlant de la Hollande, il ne nous manquait que des canards. Joignez à cela le froid, le vent et la pluie.

« En vérité je suis tenté de rire quand vous me recommandez de ne pas boire froid ayant chaud : je n’ai pas encore eu chaud dans ce pays-ci ; le thermomètre indique pour habillement trois chemises, quatre gilets, habit, redingote, et avec tout cela on a froid. Je me rappelle quelquefois l’assertion de ce plaisant qui prétendait que le soleil de Hollande ne vaut seulement pas la lune de France. Eh bien ! quoique depuis quinze jours que nous sommes en Hollande il ait fait mauvais temps, je n’y ai pas encore trouvé de boue ; c’est une vérité qui a la physionomie paradoxale, mais c’est une vérité. Les villes et les villages sont d’une propreté qui enchante ; la propreté règne partout, et je crois qu’à cet égard la bonne mère descend de quelque famille hollandaise.

« À Utrecht, nous avons eu grand soin de visiter la maison où naquit le pape Adrien VI ; elle est décorée de tableaux très bien exécutés et qui retracent les divers évé-