Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/157

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nemens de sa vie. Ces monumens sont respectés même par les protestans. Si, à la place de Pie VI, un autre Adrien eût occupé la chaire de Saint-Pierre, nous aurions eu moins de peine pour les affaires du clergé.

« À Rotterdam, je me suis empressé de visiter la statue d’Érasme qui est en face de notre auberge. Je parie que vous ne connaissez pas seulement le citoyen Érasme. Dans ses écrits, il aura bien parsemé sur le compte des femmes quelques vérités qu’elles appelleront méchancetés. Il faut lui accorder grâce ; le sujet est si abondant ! et d’un autre côté Érasme était un homme si distingué par ses vertus, sa piété, ses talens, ses écrits !

« Nous partons ce matin pour Delft et La Haye, immédiatement après le déjeuner. Le voilà qui arrive. Nous ne buvons plus de faro, de lougarde ; mais nous mangeons des kouques, des botterams ; nous avalons des jattes de thé. Allons, à la santé d’Adrien VI, d’Érasme, de la bonne mère, de son mari et de tous nos amis !

« J’achève ma lettre dans le bateau qui nous conduit à Delft. Nous y sommes à merveille ; nous occupons exclusivement le roef (prononcez rouf) ; comment, vous ne savez pas ce que c’est que le rouf ? c’est la chambre d’honneur ; c’est un petit palais avec coussins, table, miroir, etc., une espèce de boudoir naval. Une cloison nous sépare de la foule qui occupe la grande pièce. Nous entendons seulement comme dans un lointain le caquet des commères.