Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/162

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« Madame et excellente mère !

« Le billet ci-inclus de l’ami Grappin contient tant de choses aimables et ingénieuses, qu’il y en a pour deux ; cela me donne le droit d’être sot et maussade. J’ai ouï dire qu’à trois ou quatre cents lieues d’ici il y a une ville qu’on nomme Paris ; qu’elle est sale, puante et malsaine ; que ces inconvéniens graves ne sont rien comparativement à ceux qui résultent de l’accumulation de toutes les folies, de tous les vices, de tous les crimes.

« Que faites-vous dans cette galère, qui n’est pas, et qui ne sera jamais votre élément ? Si jamais il me prend fantaisie d’y faire un voyage, ce qui pourra arriver bientôt, ce sera pour vous faire de vive voix une élégie sur le malheur d’y rester. Ici liberté pleine. Point de voiture dont le fracas nous étourdisse, point de braillards qui crient des mensonges sous le nom de journal du soir ; nous ne ressemblons pas mal à ce poète qui avait partagé son temps en deux lots, l’un à dormir et l’autre à ne rien faire : car c’est ne rien faire que de courir les coteaux, qu’on appelle bonnement des montagnes dans le pays où nous sommes. Nous avons unanimement adopté l’avis de cet Allemand qui pensait que les meilleurs repas sont le déjeuner, le dîner, le goûter, et le souper.

« La lettre de MM. B..... et D..... nous a tranquillisés sur votre situation ; je vous félicite et je les remercie.