Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/174

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Le projet de déchéance rédigé par Grégoire est une diatribe singulièrement passionnée contre Napoléon, un acte d’accusation dressé ab irato ; quel que soit le jugement qu’on en porte, cette pièce appartient à l’histoire du temps comme à celle de l’auteur en particulier ; c’est un document que nous ne pouvons nous dispenser de faire connaître.


« La nation française est arrivée au dernier terme de l’esclavage et du malheur : la cause n’en est pas problématique ; c’est l’ouvrage du chef de l’état et des nombreux agens du pouvoir qui lui doivent leurs places, dont il a soudoyé la perfidie par des récompenses pécuniaires et caressé la vanité par des décorations et des titres.

« Un étranger, qui a su s’approprier les lauriers de ses compagnons d’armes, est venu recueillir l’immense héritage des efforts qu’une nation généreuse avait déployés pendant douze ans pour assurer sa liberté ; le peuple, qu’une funeste expérience aurait dû guérir à jamais de l’idolâtrie ; le peuple, ébloui des idées de gloire, si différentes de celles de bonheur, a secondé par son apathie et par ses erreurs l’ambition la plus effrénée qui ait désolé le monde.

« Créé par la constitution, un corps était chargé de l’honorable mission d’en maintenir l’intégrité, mais à