Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/176

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ajouta numériquement, comme adhésions formelles, les noms de tous ceux qui avaient gardé le silence. Le jour des révélations approche, et l’histoire, contrainte de descendre de sa dignité, attachera au poteau de l’infamie cette multitude de députations à qui on prescrivait de venir volontairement déposer leurs hommages aux pieds du trône ; cette multitude d’adresses de félicitations, mendiées, commandées et rédigées dans les bureaux ministériels, d’où elles partaient pour aller dans tous les recoins de l’empire recueillir des signatures. Le fer rouge de la vérité imprimera en caractères ineffaçables la honte sur le front de ces écrivains soudoyés, qui, en vers, en prose, et par la rédaction de feuilles périodiques, pouvant exercer une sorte de magistrature honorable, n’ont cessé de prostituer leurs plumes : ils ont sans relâche prodigué les louanges les plus viles au despote, les injures les plus grossières à tous les gouvernemens, et récemment encore à un illustre français, dont la nation scandinave s’applaudit d’avoir fait la conquête.

« Jamais peut-être le chef d’un état ne fut autant que Napoléon entouré de tous les moyens propres à opérer le bonheur d’un grand peuple ; et l’on peut douter s’il n’est pas plus coupable encore à raison du bien qu’il n’a pas voulu faire que par le mal qu’il a fait, quoique la série de ses crimes soit telle qu’il est difficile de le calomnier.

« Irrité par la seule idée que sur le globe un individu