Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/187

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ques membres. Au mois de mars 1814, elle se composait d’une vingtaine de sénateurs. Il y eut alors plusieurs réunions chez Lambrechts, et une dernière le 30 mars, au moment même où l’on se battait sous les murs de Paris. Ce fut dans cette réunion que le général Beurnonville ayant laissé échapper ces mots : « comment le Sénat pourra-t-il exister sans tête ? » Grégoire lui répliqua avec sa vivacité ordinaire : « voilà bien quatorze ans qu’il existe sans cœur ! »

La déchéance fut prononcée ; non point la déchéance courageuse d’un trône encore debout, et lorsqu’il fallait pour le renverser faire appel à l’énergie nationale, mais quand l’empereur abattu avait cessé d’être redoutable et que les soldats étrangers lui tenaient le pied sur la gorge. L’opposition se grossit alors tout à coup d’une masse de courtisans faisant assaut d’ingratitude envers leur ancien maître, pour mériter les faveurs du maître à venir, quel qu’il fût.

Louis XVIII avait eu d’exacts renseignemens sur leur compte lorsqu’il écrivait du lieu de son exil, dès le 1er janvier 1814, cette déclaration que le cabinet britannique faisait jeter par ses croiseurs sur les côtes de France :