Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/194

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se trompait point. Ce fut le signal d’un nouveau débordement de pamphlets injurieux, accompagnement ordinaire de toutes ses démarches publiques ; car il était sûr de réveiller une masse de souvenirs toujours vivans dans l’esprit des contre-révolutionnaires, des apologistes de l’esclavage et de l’intolérance. Son ancien collègue à l’Assemblée constituante, Bergasse, l’adversaire de Beaumarchais et l’avocat des réclamations contre la vente des biens nationaux, se distingua tout particulièrement dans cette tourbe haineuse.

En terminant sa brochure, Grégoire n’avait pu retenir le cri d’un cœur ulcéré par le spectacle dont ses yeux étaient les témoins :

« L’ame est profondément contristée à l’aspect de fourbes couverts d’or et couverts de crimes, qui, par leur fortune, leur audace et leurs places, exercent sur la société un ascendant funeste. Louis XIV disait tout haut : l’état, c’est moi ; eux disent tout bas : la patrie, c’est moi. C’est le moi qui est le thermomètre secret de leurs actions. — Plusieurs d’entre eux, après avoir encensé Marat et Robespierre, entassèrent toutes les malédictions sur la tombe de ceux dont ils avaient été les com-