Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/195

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plices. D’autres, après avoir été les panégyristes de l’homme qui vient de tomber, gorgés par lui de biens aux dépens de la nation, déroulent actuellement le tableau des forfaits de celui qu’ils déifiaient. Ayant arboré toutes les livrées, on ne peut les comparer à Janus ; car la mythologie ne lui donne que deux faces, ils en ont trente. De toutes parts ils s’agitent, ils intriguent et se glissent dans tous les rangs, pour reconquérir l’influence qui leur est échappée. Tenez pour certain que les Séjans, les Séides, les sicaires d’un despotisme sont toujours prêts à s’enrôler sous de nouvelles bannières. Peut-être le sont-ils déjà, car déjà l’on se demande si l’on n’a pas tendu quelque piége ; si des hommes cachés sous le rideau n’ont pas une arrière-pensée, qui bientôt, se dévoilant, serait pour eux le comble de l’opprobre, pour nous celui du malheur ; si l’on n’a pas le projet de réduire le souverain, c’est-à-dire la nation, à capituler sur ses droits, parce qu’on veut recevoir un don, comme s’il était le paiement d’une dette. Ne seraient-ce pas là les signes précurseurs de quelque catastrophe, à travers laquelle on voudrait nous traîner aux funérailles de la liberté ? Il est bien permis d’être soupçon-