Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/216

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lation, ou des haines déloyales parvinrent à le circonvenir. Tout cela, et l’abandon ingrat ou lâche de personnages qui naguère l’entouraient complaisamment, et les attaques injustes auxquelles il se voyait sans cesse en butte, avaient jeté dans son cœur des germes de méfiance et d’amertume. Son imagination, facile à s’exalter, lui présentait sa demeure comme assiégée par l’espionnage ou la cupidité, et souvent le repos de sa vie était troublé par de telles inquiétudes. Les hommes qui font le mal sans être décidément méchans reculeraient parfois peut-être devant les conséquences de leurs actions, s’ils savaient qu’outre l’atteinte immédiate portée à leurs victimes, il leur arrive souvent d’altérer les plus nobles natures et d’empoisonner ainsi toute l’existence d’un homme de bien. Combien ils sont coupables, ceux qui ont pu inspirer à une ame chrétienne des pensées telles que celles-ci :


« Il est heureux qu’on ne connaisse les hommes que par une longue expérience ; car si cette connaissance nous était donnée dès la jeunesse, on fuirait dans la solitude pour les éviter.