Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/218

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dicté par l’affection que toujours vous m’avez témoignée, et par la persuasion, bien ou mal fondée, qu’en paraissant de nouveau sur la scène politique, je pourrais encore être utile à ma patrie. Ce double sentiment m’honore et m’attendrit. Le même reproche m’a été adressé par d’autres, et surtout par mon ancien collègue et ami le général Lafayette. Je ne puis que répéter, si non textuellement, du moins quant au sens, ce que je lui ai répondu.

« Les suffrages que ces lettres m’annoncent sont d’autant plus flatteurs qu’elles sont écrites par des hommes recommandables à tous égards ; mais je préfère le tort apparent d’être ingrat ou de manquer aux procédés, plutôt que de faire la moindre démarche pour appeler sur moi les regards. Trouvez bon, digne citoyen, que je ne dévie pas de la marche que j’ai suivie dans le cours de ma longue et pénible carrière, dans les temps calmes, comme dans les tempêtes. S’agit-il de faire élire des hommes désignés par l’estime publique ? J’y concours de toutes mes forces, et je crois l’avoir prouvé dans les élections de la Seine, les années dernières ; mais quant à ce qui m’est personnel, je tiens invariablement à l’habitude de rester passif. Par là est atténuée la responsabilité devant Dieu et devant les hommes. Mais, me direz-vous peut-être : Vous refusez donc de servir encore la patrie ? non assurément : ce refus sans motif plausible serait un crime, et le souvenir anniversaire du jour auquel je vous écris aggraverait la culpabi-