Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/224

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l’opinion publique, et s’assurer, par la peur, dans la Chambre des députés, une majorité capable de forcer la main au ministère, qui favorisait, dans son système de bascule, tantôt les ultras, tantôt les libéraux. Quelques uns même des plus prévoyans avaient, dit-on, voté en faveur de Grégoire dans le collège électoral, et l’un de leurs journalistes eut la maladresse ou l’impudence de laisser échapper ces mots : l’heureux prétexte ! On les vit en effet grimacer tour à tour une fausse sensibilité et des alarmes ridicules ; répéter que la présence d’un régicide était une injure pour le roi (lequel avait naguère fait son ministre de Fouché) ; déclarer qu’ils ne pouvaient siéger à ses côtés (eux qui avaient fait anti-chambre chez ce même Fouché, leur collègue à l’assemblée introuvable) : on les vit prendre texte de la nomination de Grégoire pour attaquer la loi électorale dont elle était le produit, et s’écrier que bientôt cette loi transformerait le Corps législatif en une nouvelle Convention nationale.

Tant de bruit effraya la portion timide du libéralisme : elle commença à craindre sérieusement que la présence d’un républicain avoué dans ses rangs ne compromît son plan d’oppo-