Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/227

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« Une liberté de la presse à peine conquise et encore mal assurée ; une loi d’élection, objet des attaques furieuses d’un parti toujours prêt à saisir le pouvoir ; une opinion publique plus avisée sur ce qu’elle craint qu’éclairée sur ce qu’elle désire ; une représentation nationale où siègent quelques honorables amis de la liberté, mais qui est faible à cause du petit nombre et de l’âge des députés ; le tact et la modération d’un roi infirme et âgé ; enfin des intentions libérales dans une petite portion du ministère ; voilà, je crois, quelles sont les circonstances favorables à l’établissement du gouvernement représentatif dans notre patrie. Comment ne pas être effrayé lorsqu’on les compare à toutes les chances contraires ?

« Une faction aristocratique, qui supplée au nombre par l’union, et qui est toujours audacieuse dans ses entreprises, parce qu’elle est sûre de l’impunité lorsqu’elle échoue ; la plupart des places de l’ordre judiciaire et de l’administration entre les mains des ultras ; une funeste inertie, triste résultat du despotisme impérial, dans la plus grande partie de la population ; un manque total de courage politique chez les hommes les plus marquans par leur bravoure militaire ; une déplorable administration de la justice ; point de garanties, point de moyens légaux de résistance à l’oppression ; le successeur immédiat du roi, entouré de ce que la contre-révolution a de plus forcené ;