Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les puissances de l’Europe liguées contre la France ; leurs ministres à Paris conspirant contre notre constitution naissante, tandis que la plupart de nos ambassadeurs à l’étranger intriguent contre une administration qui n’a pas la force de les renvoyer ; une inquisition d’état établie à Mayence, soi-disant pour étouffer toute vie politique en Allemagne, mais placée sur notre frontière pour mieux nous faire concevoir que c’est contre nous qu’elle est dirigée, que la France est le véritable objet de la haine de toutes les cours ; tels sont, monseigneur, et vous le savez mieux que moi, les dangers qui nous menacent.

« Dans une pareille situation, les moindres fautes sont mortelles, et ce n’est, en vérité, que d’une faveur spéciale de la Providence que l’on ose espérer l’établissement de la liberté. Elle peut être compromise par la plus légère imprudence, par le moindre acte qui alarme à la fois l’Europe et cette portion considérable de la France, pour qui le premier de tous les désirs est la modération, et le premier des intérêts le repos, la jouissance paisible de ce qu’elle possède.

« Or, monseigneur, votre élection est un événement de ce genre ; et comme tel, je n’hésite pas à croire qu’elle expose notre liberté à de véritables dangers. Si j’avais des doutes à cet égard, je m’en fierais à l’instinct des ultras qui ont voté pour votre élection, et à la tristesse qu’en