Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le régime républicain est le plus économique pour les nations, examine, l’almanach royal en main, les réductions qui pourraient être faites sans porter atteinte à la dignité de la couronne, et les trouve fort nombreuses. Il pense que la liste civile, au lieu d’être fixée d’avance pour la durée de tout un règne, devrait être votée annuellement comme le budget, en tenant compte des besoins du chef de l’état et des ressources du pays, deux élémens naturellement variables.

Les déceptions politiques, qui se succédèrent alors avec tant de rapidité, exercèrent une douloureuse influence sur l’ame du vieillard, un moment rajeunie par l’espérance de voir, au terme de sa carrière, l’arbre de la liberté, qu’il avait célébré, étendre ses rameaux sur la génération nouvelle. Sensible, comme un jeune homme, à la perte de ses illusions, parce qu’il avait su conserver l’ardeur et la naïveté du jeune âge, un chagrin rongeur s’empara de lui, et détruisit en peu de mois ses forces qui lui avaient permis jusqu’alors de se livrer à des travaux assidus. Ceux qui l’approchaient le voyaient souvent joindre les mains et lever au ciel un regard attristé, comme pour une muette prière ;