Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/285

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« Je viens, monsieur l’archevêque, de vous exposer les motifs qui m’interdisent une rétractation que je regarderais comme un parjure, quand je considère surtout que, dans l’affaire de l’arianisme, ce fut d’abord le très petit nombre qui resta fidèle à la foi de Nicée, et finit par faire triompher la cause de la religion.

« Soyez sûr, qu’ainsi que vous, je suis loin d’obéir à des considérations humaines, pas plus aujourd’hui qu’au temps où je défendais, à la tribune nationale, la religion attaquée avec fureur, où j’obtenais la liberté des prêtres réfractaires, entassés sur les pontons de Rochefort, et où, malgré les menaces et les hurlemens de l’incrédulité, le premier je réclamai l’ouverture de ces mêmes temples dont on repoussera, peut-être, ma dépouille mortelle !….

« Je voudrais m’arrêter ici, mais j’éprouve le besoin de vous dire un mot de mes opinions politiques, qui servent de prétexte aux persécutions auxquelles je suis en butte depuis quarante ans. Une circonstance de ma vie a été odieusement dénaturée : je n’ai jamais voté la mort de personne..... Un des premiers, j’ai demandé l’abolition de cette peine, reste de barbarie et honte de la civilisation. Plus encore, ma voix et ma plume n’ont cessé de revendiquer les droits imprescriptibles de l’humanité souffrante, sans distinction de croyance, de climat, de couleur et de races ; et si, au moment de descendre dans la tombe, quelque chose me fait éprouver un sentiment pénible,