Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/286

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c’est de voir le père des fidèles ordonner, dans ses états, des exécutions qui sont loin de rattacher à la religion d’un Dieu de miséricorde tant de peuples déjà chancelans dans leur foi.

« J’ai toujours cru, et je l’ai toujours professé, que la religion de J.-C. était l’amie de la liberté et de toutes les idées généreuses. Telle était aussi l’opinion de Chiaramonti, évêque d’Imola. Étrangère sur la terre, la religion ne demande que la liberté du passage. Si toutes les formes de gouvernement ne lui sont pas indifférentes, elle se soumet à toutes ; mais, sans doute, il m’a été permis de préférer la république. Ils sont bien coupables les ecclésiastiques qui ne mêlent la politique à la religion que pour mettre l’une dans la dépendance de l’autre ! Pendant quinze années on a fait ce déplorable amalgame jusque dans la chaire de vérité. Dans nos églises, tout tendait à représenter la religion comme étant essentiellement liée à la dynastie déchue, et on ne vit plus, dès lors, dans la majorité du clergé, que des instructeurs de despotisme et des ennemis de nos institutions. C’est aux imprudences de ce clergé, opposé au mouvement de la société, qu’il faut attribuer cette haine implacable qui poursuit des prêtres d’ailleurs dignes de respect ; ce sont les mêmes causes qui viennent de pousser quelques hommes égarés à ces profanations, à ces destructions dont nous avons tant à gémir.

« Permettez-moi de vous le dire, monsieur l’archevêque,