Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/296

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caires, chargé, non point du baiser de paix, des paroles de réconciliation, mais d’un ultimatum plus expressif, plus rigoureux que jamais. Après une nouvelle discussion orageuse et fatigante : « Monsieur, s’écria Grégoire, c’est de la persécution : il est inhumain de tourmenter ainsi les derniers momens d’un vieillard à son lit de mort ! »

Tandis que les dévots adversaires de l’évêque républicain témoignaient que le temps n’avait pas eu de prise sur leurs haines implacables, les amis de la liberté, fidèles aussi à leurs souvenirs, suivaient avec anxiété les progrès de cette longue agonie, qui allait enlever à la France l’un des plus courageux auteurs de sa régénération politique. Des marques d’un touchant intérêt venaient le consoler au milieu de ses souffrances. Le général Lafayette vint s’asseoir au chevet du lit de l’ancien ami qui depuis cinquante ans parcourait avec lui une carrière glorieuse et difficile, dans laquelle ils ont su demeurer purs et grands l’un et l’autre. Ces deux patriarches de la révolution française se dirent un dernier, un touchant adieu ; ils ne devaient pas tarder à se rejoindre.

Nous emprunterons, pour rendre compte des