Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/299

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bienveillance pour ses domestiques. On peut dire que sa maladie n’a été qu’un long martyre, soutenu avec tout le courage que la religion seule peut inspirer. Il a conservé toutes ses facultés morales presque jusqu’à son dernier jour ; le délire n’est venu que quelques heures avant sa mort. Même dans ses aberrations, il était toujours lui-même : — « Monsieur Baradère, je suis tourmenté depuis huit jours ; j’aperçois une population nègre renfermée dans une île qui lui sert de refuge contre la tyrannie, et qui va périr de faim !… On m’a dit que des protestans et des juifs sont venus me voir ; quoiqu’ils ne soient pas de ma religion, je désire qu’on leur témoigne ma reconnaissance… Je veux qu’on envoie des livres de théologie à Haïti. Pauvres Haïtiens !… Je vois que ma dernière heure approche..... Ne m’abandonnez pas à mes derniers momens !… » Après ces dernières paroles, il a perdu connaissance, et pendant trois jours que s’est prolongée encore son agonie, on n’a pu recueillir que des paroles incohérentes et mal articulées, quelques versets des psaumes ou des passager de l’Écriture sainte ; on lui a entendu répéter souvent in manus tuas… Jerusalem beata, etc. Ses yeux