Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/303

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vieux et rares débris de la Convention nationale ; mais leur mémoire ne périra pas ; elle vivra toujours dans le souvenir et le respect des hommes généreux, cette assemblée qui rompit avec la royauté et les rois, qui, après les avoir vaincus, les força de traiter avec la république, qui maintint l’indépendance du pays et agrandit ses frontières, qui extirpa la féodalité, planta les institutions libérales dans les entrailles de la France, qui exerça avec le plus pur désintéressement les plus grands pouvoirs et les abdiqua volontairement. Elle vivra, malgré l’ingratitude des illustres renégats qui, sans elle, ramperaient humblement dans la condition subalterne où les refoulait la vieille aristocratie, dont ils veulent prendre la place. Combien n’a-t-elle pas grandi par la haine persévérante de ses ennemis et le privilège de leurs persécutions ! Combien ne grandit-elle pas chaque jour auprès de la petitesse de ses détracteurs !

« Et toi aussi, Grégoire, ils t’ont proscrit ! Ils nous bannirent à l’étranger ; et toi, sur le sol même de la France, ils voulurent te bannir de la patrie. La révolution de Juillet te promettait une réparation éclatante ; ils n’ont pas voulu donner cette consolation à ta vieillesse ; ils t’ont laissé mourir dans ta glorieuse indignité !

« Le peuple a chassé cette race que la Convention avait abattue, que la nation avait deux fois expulsée. — Ils l’ont eux-mêmes jugée et bannie. Que leur a-t-il manqué pour