Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/332

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Cambrai, etc. Cette accumulation de titres ne donne pas le mérite, et même elle ne le suppose pas toujours.

La commune de Vého, lieu de ma naissance, était de la province des Trois Évêchés, qui, avec la Lorraine, formait une marqueterie politique. Les lieux dépendans de ces deux provinces s’entremêlaient à tel point que plusieurs villes et villages étaient scindés par des juridictions différentes ; de là sans doute la bévue, ou plutôt l’ineptie, de certains géographes, chez lesquels on trouve Metz en Lorraine, comme d’autres ont dit Monaco en Provence ; autant eût valu dire Nancy dans les trois Évêchés. Une autre erreur très répandue en France et cent fois imprimée, c’est que Strasbourg était rempli de juifs, et que l’usage des églises y était commun aux catholiques et aux luthériens. Or, dans cette ville, chaque culte avait ses temples séparés comme aujourd’hui, et quoiqu’elle ait présentement sept à huit mille juifs, aucun n’avait droit d’y résider avant la révolution, ni même d’y coucher, et Cerf-Berr n’y obtint domicile que par une commission spéciale de la cour. On attribuait à Strasbourg ce qui ne convenait qu’à la province d’Alsace, où effectivement quelques églises étaient communes à plusieurs cultes, et où les juifs avaient cinquante-deux synagogues. Est-il surprenant qu’on trouve tant