Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/334

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pochés et quelques bras cassés terminaient la querelle. Ces guerres absurdes de rustauds étaient cependant moins sanguinaires, moins absurdes que la presque totalité de ces massacres nommés batailles, célébrés par des historiens adulateurs, où, sans changer de caractère, l’assassinat change de nom, et où les chefs, au lieu de descendre en champ-clos, comme jadis il était d’usage chez les peuples gaulois, au rapport d’Agathias, font ruisseler le sang humain en faisant jouer par milliers les machines qui tuent et qu’on nomme soldats. Dupont (de Nemours) a très bien peint cette frénésie par son ingénieux apologue de ces rois des deux îles qui, ayant d’immenses manufactures de porcelaines très belles, très riches, et très dispendieuses, s’amusent de temps en temps à les rassembler en magasin pour les briser[1].

J’étudiai chez les jésuites de Nancy, où je ne recueillis que de bons exemples et d’utiles instructions. L’enfance est le vestibule de la vie, les souvenirs de cet âge ont un charme ravissant ; et combien j’eus de plaisir, lorsque, quarante ans après avoir quitté Nancy, à Oxford, le père Lélie, curé des catholiques de cette ville, me rappela que ses confrères m’aimaient tendrement ! J’eus entre autres pour régent le père Beauregard, fameux prédicateur,

  1. Voyez les Éphémérides du citoyen T.