Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/335

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mort émigré en Allemagne, qui, au lieu de publier ses sermons, les a légués aux jésuites de Pétersbourg. Je conserverai jusqu’au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n’aime point l’esprit de la défunte société, dont la renaissance présagerait peut-être à l’Europe de nouveaux malheurs. Ce qu’on doit espérer ou craindre de son rétablissement, formerait un objet très piquant à mettre au concours dans une académie. M. Eichorn, à qui j’en ai parlé, désirait que cette question fût proposée à Berlin. J’écrivis en conséquence à M. Ancillon fils, et lui à M. Nicolaï, très connu comme antagoniste des jésuites ; il serait aussi fastidieux qu’inutile d’exposer les raisons qui empêchèrent d’ouvrir le concours.

Je ne citerai de mes jeunes ans que deux anecdotes : l’une est mon penchant précoce, et dont je me félicite, pour la lecture des ouvrages en faveur de la liberté ; j’aimais surtout l’ouvrage de Boucher : De justa Henrici tertii abdicatione, et les Vindiciæ contra tyrannos, publiées par Hubert Languet, sous le nom de Junius Brutus. Comme mes ennemis vont profiter de cet aveu, que j’aurais pu supprimer, afin de m’imputer un caractère séditieux que je n’eus jamais ! Pour se divertir, ne jette-t-on pas quelquefois à certains animaux des os à ronger ?

L’autre anecdote prouve combien une leçon donnée à propos peut être utile à un enfant. Or, j’étais enfant lors-