Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/336

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que, pour la première fois, j’entrai à la bibliothèque publique de Nancy. L’abbé Marquet, alors sous-bibliothécaire, auteur d’un opuscule sur la gravure, me dit : « Que désirez-vous ? — Des livres pour m’amuser. — Mon ami, vous vous êtes mal adressé : on n’en donne ici que pour s’instruire. — Je vous remercie ; de ma vie je n’oublierai la réprimande. » Dans une lettre que m’écrivit, en 1803, l’École centrale de Nancy, je retrouvai la signature de M. Marquet. Par ma réponse, j’acquittai le devoir de la reconnaissance, en rappelant cette anecdote.

Dans ma jeunesse j’ai toujours cherché (et j’aime à le dire) des amis plus âgés que moi ; c’est, je pense, s’assurer une hypothèque sur l’expérience des autres. Cette considération d’une part, et d’une autre la sympathie qui rapproche les enfans et les vieillards, jointes à la conformité de goûts littéraires, m’avaient lié avec l’ancien secrétaire du roi Stanislas, M. de Solignac, auteur d’une histoire de Pologne en cinq volumes (ses autres écrits méritent peu d’être cités), et avec M. Gautier, chanoine régulier, qui a fait divers mémoires de géométrie appliquée, dont un sur la manière d’augmenter l’action du vent dans les voiles des vaisseaux, une Réfutation du Celse moderne, une autre du discours de J.-J. Rousseau sur l’Utilité des sciences. Celui-ci l’a trop maltraité dans sa réponse. Je reproche le même tort à l’abbé Bexon, col-