Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/337

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laborateur de Buffon, qui a publié un premier volume d’une histoire de la Lorraine : il loue comme mathématicien, et maltraite comme poète, M. Gautier, qui avait traduit en vers le quatrième livre de l’Enéide. Bexon dit qu’à cette lecture on se souvient qu’il y avait déjà un Virgile travesti. Ce jugement est outré. Le même écrivain a fait un poëme sur l’arc-en-ciel, où l’on trouve, entre autres vers :


« Pour vous, fils d’Apollon, c’est l’écharpe d’Iris,
« Pour Newton c’est un prisme au céleste lambris.


MM. Gautier et de Solignac corrigeaient mes essais poétiques ; j’ai tout brûlé : je regrette cependant un ouvrage en vers de neuf syllabes ; cette mesure, admise dans la poésie italienne, est inusitée dans la nôtre ; on n’en connaît que très peu d’exemples dans quelques chansons.

La Lorraine a produit de savans théologiens, des érudits, des mécaniciens, etc., et d’autres hommes distingués, dont la vie a été recueillie par dom Calmet, dans un in-folio assez enflé ; mais ce pays semble avoir été frappé de stérilité poétique, quoique le peuple y soit gai, et quoique la fertilité du sol, la variété des sites, l’aspect riant des Vosges soient propres à enflammer l’imagination. Depuis Blaru, l’auteur trop vanté d’abord, ensuite trop décrié, de notre poëme épique la Nancéide, la Lorraine