Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/338

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ne peut guère montrer que Saint-Lambert, François de Neufchâteau, et surtout Gilbert, dont je fis connaissance à Nancy. Il était alors aigri contre l’Académie de cette ville qui avait refusé de l’admettre ; il s’en vengea en poète, c’est-à-dire par des épigrammes, qu’il avait du plaisir à me communiquer. J’en citerai une qui n’est pas, je crois, dans le recueil de ses œuvres. L’Académie avait ajourné sa séance publique du 8 mars, à cause de la maladie de Louis XV ; Gilbert fit courir le sixain suivant :


« Messieurs, vous êtes avertis
« Que demain notre académie
« Se proposait de décerner ses prix ;
« Mais quand le deuil de la patrie
« A loin de nous chassé les ris,
« Peut-on donner la comédie ? »


J’entrai dans la carrière littéraire en publiant l’Éloge de la Poésie, in-8o de 72 pages, couronné par l’Académie de Nancy. J’avais eu pour concurrent l’abbé Ferlet, déjà chargé de lauriers par cette Société, et qui, très piqué de n’avoir pas obtenu la palme, exhala son humeur dans une préface à la tête de son Mémoire qu’il fit imprimer. C’est le même qui a mis au jour, en deux volumes, un recueil d’observations sur Tacite ; l’ouvrage est savant, mais, quand on est royaliste, pourquoi travestir des au-