Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/340

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était la seule exception, suivant Peyssonnel, que j’ai beaucoup connu. Les gens de lettres furent touchés de voir un curé catholique se constituer le défenseur d’une nation proscrite, et l’ouvrage obtint l’accueil le plus flatteur, en Angleterre surtout, où l’on en donna une bonne traduction[1].

Basnage a fait, en quinze volumes, une histoire partiale et très incomplète du peuple juif depuis la dispersion : j’avais entrepris une histoire nouvelle, qui eût en partie comblé les lacunes et rectifié les erreurs de Basnage ; surtout j’aurais réfuté ses mensonges sur saint Cyrille, déjà relevés par l’abbé Goujet. La révolution vint interrompre ce travail. M. de Dohm, envoyé de Prusse au congrès de Rastadt, aujourd’hui plénipotentiaire de Westphalie en Saie, qui a été en Allemagne le défenseur des juifs, m’avait offert ses manuscrits ; à mon tour, je lui ai offert les miens : il est, me dit-il, trop âgé pour suivre son plan, et quant à moi, d’autres travaux commencés me laissent le regret de ne pouvoir continuer le premier ; mais du moins j’ai atteint mon but. J’étais venu à l’Assemblée constituante avec la résolution d’y plaider la cause des juifs ; j’y dénonçai les vexations exercées contre ceux d’Alsace, dont une centaine de familles avaient été ré-

  1. An essay on the physical, etc. London, 1789, in-8o.