Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/341

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duites à fuir en Suisse pour échapper au massacre. Toutes les synagogues de France, dont plusieurs firent pour moi des prières publiques, me votèrent des remercîmens, y compris les juifs avignonnais et bordelais ; ceux-ci m’écrivirent une longue épître qui a vu le jour[1]. Mes efforts ont été couronnés par l’adoption politique des juifs français. Ils seraient entièrement régénérés, s’ils avaient déployé, pour l’éducation de leurs enfans, le même zèle que ceux d’Allemagne, qui cependant, si l’on excepte la Westphalie et quelques coins de la Bavière, ne jouissent pas encore des mêmes droits. Quelques individus des nôtres sont entrés avec succès dans la carrière des sciences. Au lycée de Mayence, deux enfans d’Israël, Anskel et Ferkem, professent, le premier la physique, le second les mathématiques transcendantes ; quelques autres ont appris à manier la charrue ; mais l’habitude héréditaire du brocantage, auquel les a réduits la persécution, est le plus grand obstacle à ce qu’ils deviennent laboureurs, eux dont les ancêtres, en Palestine, toujours voués aux travaux champêtres, ne connurent que momentanément le commerce, lorsqu’on vit la flotte de Salomon cingler d’Aziangaber à Ophir.

J’ai eu le plaisir de voir à côté de moi, sur le siège lé-

  1. Voir un extrait de cette lettre aux pièces justificatives.