Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/342

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gislatif, des protestans, des nègres, des sang-mêlés, mais, à mon grand regret, pas un juif.

Au Sénat j’avais mis sur les rangs, pour le Corps législatif, Furtado de Bordeaux, qui depuis a présidé le congrès des juifs convoqués à Paris ; il fut écarté par des concurrens ou plus dignes ou plus connus.

Les juifs de Hollande, inquiets sur le sort qui les attendait, lors de la nouvelle organisation politique de ce pays, m’avaient invité à reprendre la plume en leur faveur. D’après une conférence avec l’ambassadeur batave, je leur fis dire d’être sans crainte, et leur espérance fut tellement justifiée, que plusieurs furent élus membres de l’Assemblée nationale de Hollande ; entre autres, d’Acosta, qui en fut président.

Ici s’intercale naturellement le récit de ce qui m’arriva, lorsque entouré des juifs d’Amsterdam les plus distingués, tels qu’Acosta, Cappadoce, savant médecin, Asher, avocat, etc., j’allai, sur leur invitation, visiter les synagogues portugaises, allemandes et celle qu’on nomme Felix Libertate. Il a fallu, assis au milieu des Parnassim, entendre les harangues des rabbins qui, au nom de leurs frères, m’adressaient des remercîmens et des félicitations. Le christianisme, leur répondis-je, m’apprend que tous les hommes sont mes frères ; que, quelle que soit la disparité de religion, je dois les aimer, les aider ; comme