Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/348

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seulement enseigner aux enfans à lire dans le grand livre de la nature ; et quand je les pressais de développer cette sentence et d’en donner une traduction commentée, j’étais sûr d’entendre débiter des inepties, à moins qu’ils ne se fâchassent pour se dispenser de déraisonner.

Tel autre assurait qu’il était dangereux, à cette époque, de préconiser la vertu, parce qu’elle inclinait au modérantisme. Rappelez-vous qu’alors des assassinats judiciaires traînaient journellement une foule de victimes innocentes à l’échafaud ; lorsqu’enfin on consentit à entendre parler de morale, on y joignit l’épithète républicaine, comme s’il pouvait exister une morale monarchique.

Léonard Bourdon, trop connu dans l’affaire d’Orléans, auteur d’une espèce de drame, inspiré par le blasphème et rédigé par la bêtise, Léonard Bourdon, alors en crédit par ses liaisons avec les bourreaux politiques, avait à cœur de faire exclure les prêtres de l’enseignement, et d’affecter la pension et la maison curiale à un instituteur dans chaque commune ; car paroisse était devenu un terme contre-révolutionnaire. La Convention décréta ce projet ; en conséquence, des presbytères furent expulsés les pasteurs, dénoncés aux Comités révolutionnaires, souvent par des maîtres d’école. On y installa ces magisters, presque tous ignorans et crapuleux, qui dévastaient les maisons et percevaient un traite-