Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment sans fonction ; car toutes les ames honnêtes répugnaient à leur envoyer des enfans. Surtout, ils avaient grand soin de ne leur parler de religion que pour la ridiculiser, de ne pas prononcer le nom de Dieu, d’empêcher qu’ils n’apprissent à le prier. Dans quelques écoles, on faisait faire le signe de la croix au nom de Marat, Lazowski, etc.

J’ai mentionné ailleurs la création du calendrier nouveau, inventé par Romme pour détruire le dimanche : c’était son but, il me l’a avoué ; le dimanche, lui disais-je, existait avant toi, il existera après toi. Quand il connut mes écrits contre la translation du dimanche au décadi, il vint me déclarer que de moi dépendait l’existence du décadi.

Mais ici s’intercale à merveille une anecdote plaisante concernant ce calendrier. Romme, d’après ses calculs et ceux des astronomes qu’il avait consultés, découvrit que dans trois mille six cents ans l’année ne devait pas être bissextile ; en conséquence, il vint au Comité, dont il n’était plus membre, nous faire un rapport sur cet objet et présenter un projet de loi. « Tu veux donc, lui dit quelqu’un, nous faire décréter l’éternité ? » Je demandai l’ajournement à trois mille six cents ans, et l’ajournement passa. Romme demanda qu’au moins, pour l’honneur de l’astronomie, on imprimât le rapport ; ce qui fut accordé.