Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/350

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Au comité, j’étais réduit sans cesse à lutter contre des projets dictés par la haine anti-religieuse. Empêcher le mal, c’était déjà faire quelque bien ; ainsi, je fis mettre au néant une demande de Pontard, renvoyée par le Comité de salut public à notre Comité, qui, à son tour, renvoya l’affaire à une commission dont je me fis nommer membre, puis rapporteur. Pontard offrait de rédiger un journal contre la confession. Je fis sentir que c’était un outrage à la liberté des cultes, et quoiqu’alors dans toute la France on les foulât aux pieds, mon avis fut adopté. Mais plusieurs fois il arriva que pour s’épargner la peine de lutter contre moi, lorsque j’avais manifesté ma résistance sur des propositions hideuses ou absurdes, on les ramenait à une discussion simulée, pour les faire admettre lorsque j’étais forcément absent par maladie, ou pour aller au Comité de sûreté générale intercéder en faveur de malheureux persécutés, la plupart gens de lettres et prêtres dissidens. Par ce stratagème furtif, un jour le Comité invita Ginguéné à insérer dans sa Feuille villageoise un article sur la cruauté religieuse ; on y ressassait l’histoire répétée cent fois, et cent fois réfutée, de tous les massacres dont ces messieurs font honneur à la religion catholique, et que la religion catholique abhorre. Un tirage très nombreux avait été ordonné pour inonder la France de cette stupide calomnie.