Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/352

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N’a-t-on pas vu le Comité de salut public enjoindre à tous les dépôts nationaux d’expédier pour Paris toutes leurs cartes géographiques ? On a peine à concevoir un tel délire ; n’ai-je pas vu de Lyon envoyer à Paris des exemplaires de Boileau et de Buffon ? N’ai-je pas ouï des sculpteurs, des peintres, émettre en principe que tout ce qui est unique en son genre doit être à Paris ? d’où il résulte qu’ici doivent s’accumuler tous les tableaux et toutes les statues, à moins qu’on ne trouve le secret de les multiplier comme les livres et d’en donner des éditions. De là cet entassement de chefs-d’œuvre, dont la multitude est telle qu’on leur accorde à peine un léger coup d’œil. On faisait le voyage d’Anvers pour voir les Rubens ; ici ils sont presque oubliés dans la foule. À la tribune des Cinq-Cents je me souviens d’avoir mécontenté les Parisiens, en disant que s’il était en leur pouvoir, ils feraient venir ici le Pont du Gard, la Maison carrée et les Arènes de Nîmes.

Le besoin d’instruction publique commençait à se faire sentir, quand Robespierre vint emphatiquement proposer à la tribune le projet de défunt Le Pelletier, concernant l’éducation communale. Par là on faisait de la France une nouvelle Sparte, et appliquant à trente millions d’hommes le régime d’une petite ville de la Grèce, tous les enfans devaient être enlevés à leurs parens et parqués dans