Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment. J’aurais désiré qu’il fût secondé par des établissemens auxiliaires et qu’on lui donnât pour annexes d’autres jardins nationaux, celui de Montplaisir à l’Isle de France, ceux de Charlestown, de la Gabrielle en Guyane, du cap Français, etc. ; qu’on formât un dépôt à Bordeaux, la seule des cités maritimes placée sous le 45me degré de latitude, à une distance égale des climats glacés et des climats brûlans, et qui, par le canal de Languedoc et l’Océan, pourrait recevoir toutes les productions du globe.

Jusqu’à l’époque de la Convention il était inouï dans les fastes du crime le projet de détruire tous les monumens du génie. Doit-on être surpris, que, dans la même proscription, elle ait voulu comprendre les savans ? Le titre d’académicien devint une injure, à tel point que ceux qui en avaient été revêtus n’osaient plus se dire qu’artistes. Lagrange, Guyton-Morveau, Borda, et ce savant Vicq-d’Azir que tant de fois j’ai consolé et qui n’est mort que de la crainte d’être traîné à l’échafaud, étaient artistes.

Beaucoup de gens de lettres, pensionnaires de la cour, ou liés avec des courtisans, s’étaient montrés peu favorables à une révolution que plusieurs avaient provoquée par leurs ouvrages ; de là, une espèce d’anarchie dans les sociétés savantes. À l’Académie des inscriptions, très peu avaient suivi Bitaubé et Dupuy dans les rangs des patriotes.