Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/363

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qui étaient pour eux des brevets de sécurité, et qui établissaient avec le comité, ou plutôt avec moi, des correspondances utiles. Je sus qu’Olivier et Bruguières s’étaient trouvés aux prises avec le besoin dans le cours de leur voyage en Perse : je fis retentir ce scandale à la tribune, et le Moniteur leur apprit en Orient, ainsi qu’à Fauvel, occupé à parcourir la Grèce, qu’ils avaient des amis dans l’Assemblée nationale ; je consolais autant qu’il m’était possible les hommes éclairés, surtout par la perspective d’un avenir moins orageux.

Bientôt après le moment parut opportun pour proposer à la Convention d’encourager et de récompenser des hommes qui s’estimaient trop heureux d’être à l’abri de la persécution : au nom du comité je présentai le rapport, et d’emblée j’obtins que cent mille écus, affectés à cet objet, leur seraient distribués. Cette répartition aurait pu être mieux faite, mais ce n’est pas ma faute. Sur ma demande intervint un autre décret qui autorisait les gens de lettres, savans et artistes, à cumuler des traitemens, jusqu’à la concurrence de douze mille francs ; le vénérable Pingré fut des premiers à jouir de cet acte de justice.

Insensiblement l’opinion publique, rectifiée plutôt par le malheur que par la réflexion, comme cela arrive toujours, réagissait sur la Convention, et la honte des excès