Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/378

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Racine et Sarrasin eurent l’ineptie de mourir de chagrin ; le premier parce que le monarque avait parlé de lui avec humeur, le second parce qu’il avait encouru la disgrâce du prince de Conti.

Dira-t-on pour les excuser que ce vice est héréditaire chez les gens de lettres et les philosophes ? Anaxarque voulut justifier Alexandre du meurtre de Clitus ; Callisthènes offrit d’accréditer, par ses écrits, l’opinion qu’Alexandre était fils de Jupiter Aramon. À ces faits malheureusement trop vrais, on peut opposer la réponse de Diogène au conquérant : Range-toi de mon soleil ; et cette autre de Philoxène à Denys-le-Tyran : Qu’on me remène aux Carrières. Dans nos temps modernes, je ne vois de comparable à ces réponses que celle de J.-J. Rousseau qui, refusant une pension offerte par le roi de Prusse, lui écrivit : « En accordez-vous à tant de braves qui pour vous se sont fait casser bras et jambes ? » Voyez cette tourbe immonde d’écrivains et de prélats avilis aux pieds de la Pompadour et de la Dubarry. Combien de lettres écrites à la première par Bernis et Voltaire ! Celui-ci courtisa toujours le vice en crédit. On sait que Choiseul l’avait fait représenter à Chanteloup sous la figure d’une girouette, qui est aujourd’hui l’emblème de la nation française. Un sophiste fut, dit-on, pilé dans un mortier pour avoir flatté un roi de Chypre ; si l’on pi-