Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/381

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tracent des faits et présentent des observations oubliées par d’autres voyageurs ; je dirai incidemment qu’ayant visité diverses contrées de l’Europe, la Suisse, l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, nos chants de liberté, actuellement oubliés en France, ont du moins encore quelquefois frappé mes oreilles ; et, qui le croirait ? c’est à la garde montante à Berlin, et à Londres, au parc Saint-James ! mais revenons à mon objet.

Les diverses nations sont des sections de la grande famille ; c’est un faisceau dont la tige est dans la main du créateur ; elles sont obligées solidairement à tout ce qui peut, en resserrant leurs liens, perfectionner la morale, l’intelligence, les arts, prévenir ou adoucir les calamités qui affligent l’espèce humaine, et accroître ses moyens de bonheur. Néanmoins, peu de résultats pratiques sont la conséquence de cette vérité que personne ne conteste, mais qu’une politique atroce froisse à chaque instant en trompant les peuples par le prestige de la gloire. Entre les moyens qui peuvent conduire à ce but, et que j’ai développés dans mon ouvrage sur les progrès de l’art social, je place en première ligne les efforts concertés de tous les hommes qui, épars sur le globe, cultivant leur raison, communiquent au public les fruits de leurs recherches. Si la république des lettres était vraiment organisée, on pourrait, suivant l’expression de Leclerc,