Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/390

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turelle contre les machinations de la cour, je proposais d’en faire la recherche, de les dévoiler et de dénoncer les ministres ; l’archevêque crut devoir témoigner son étonnement de ce qu’un ecclésiastique s’expliquait à cet égard avec tant de véhémence. Surpris de l’apostrophe, je lui demandai la parole pour répliquer : je le fis avec les égards que mon cœur m’inspirait ; mais avec la fermeté que je devais y mettre comme homme public : les applaudissemens de l’Assemblée et des tribunes se prolongèrent à tel point que j’en fus humilié pour ce digne prélat, que j’aimais et qui m’aimait.

Sous sa présidence arriva la prise de la Bastille, leçon éternelle au despotisme qui n’en profitera pas. Ses satellites se pressaient autour de nous à Versailles ; des bouches d’airain menaçaient de vomir sur l’Assemblée le carnage et la mort. Le dimanche 12 juillet, précurseur de ce siège, s’était annoncé par des événemens sinistres. Incertains si les minutes de nos procès-verbaux et des lettres d’adhésions déjà arrivées ne couraient pas le risque d’être enlevées de vive force ; ne pouvant à cet égard prendre les ordres de l’Assemblée, puisque ce jour il n’y avait pas de séance, je consultai les autres secrétaires ; on laissa à ma prudence le soin de soustraire ces papiers. Je les fis envelopper sous le sceau de l’Assemblée et le mien. Madame Émery, épouse du député de ce nom, qui