Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/396

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rait obligé d’avoir. D’après cette ironie, qui m’attira une grande improbation, je sortis, et ne remis plus les pieds dans une assemblée autrefois décente et raisonnable, mais devenue un tripot factieux. Les journaux m’apprirent que de temps en temps j’y étais injurié.

Voilà donc, dans ce qu’on nomme Société des Jacobins, deux phases bien distinctes, bien opposées, qui n’échappent pas à l’homme impartial ; mais les malveillans, confondant les époques, ont jugé à propos d’englober le tout dans la même proscription. Actuellement encore, dans plusieurs contrées voisines, l’épithète de jacobin, ou seule, ou associée à celle de janséniste, est le poignard avec lequel on tente de juguler quiconque professe des idées libérales, ou élève des doutes sur l’infaillibilité des despotes.

Un M. Mason, dans son Supplément au Dictionnaire de Johnson[1], a poussé la perversité ou l’ineptie au point qu’il définit ainsi un jacobin : c’est un individu « de clique diabolique, qui établit en maxime qu’on peut égorger quiconque pense autrement que nous en politique, et que c’est une œuvre méritoire. »

Pendant six mois, président du comité des rapport de

  1. Supplement to Johnson’s dictionary, by George Mason, in-4o. London, 1801.