Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/397

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l’Assemblée nationale, j’en partageai les nombreux travaux avec quarante membres qui le composaient. Entre autres questions, une me fut dévolue, parce que personne n’en voulait. Il s’agissait de faire élargir quelques galériens de Fribourg, en Suisse, qui, en 1781, avaient pris part à l’insurrection du peuple contre ses olygarques. Ceux-ci, au mépris de leurs promesses, et avec une perfidie atroce, avaient fait condamner plusieurs de ces insurgés, les uns à la roue, les autres aux galères, et, pour ce dernier article, le gouvernement français était l’exécuteur de la tyrannie fribourgeoise. Mon rapport entraîna un décret qui défendit de recevoir dans les bagnes de France aucun condamné par jugement étranger, et qui rendit la liberté à ces malheureux : un libelle anonyme contre moi servit de consolation à leurs persécuteurs.

Des objets d’un autre genre appelèrent bientôt mon attention. Des planteurs de Saint-Domingue, se disant nommés par les assemblées coloniales, demandèrent leur admission aux États-Généraux ; ce qui amenait naturellement la question suivante : Les nègres et mulâtres libres et esclaves figurent-ils dans le nombre de vos commettans ? telle était la dépravation des mœurs et l’altération des idées saines dans les colonies, que toutes les vertus, tous les talens réunis dans la personne d’un noir ou d’un sang-mêlé, n’auraient pu lui obtenir de partager les