Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/403

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pour avoir professé la théorie de l’empoisonnement[1], et dont l’un, mort récemment, était revenu de ses erreurs, si j’en juge par l’ouvrage, en 2 vol. in-8o, qu’il a publié sur l’Économie politique de Saint-Domingue ; dans le second volume, il prend la liberté générale pour base[2]. Brissot a été traîné à l’échafaud, et cet homme dont je différais tant sur les idées religieuses, mais dont j’estimais le républicanisme et la bonhomie, a laissé dans l’indigence sa femme et ses enfans, lui qu’on accusait aussi d’avoir été gratifié de quelques millions.

J’avoue que la mauvaise foi et la tyrannie des colons m’a acharné à cette cause, que je n’abandonnerai qu’avec la vie. Barnavey avait mis de la duplicité : sur ma demande, il déclara qu’il regardait les gens de couleur et nègres libres comme compris dans les instructions du 4 avril ; sur ma demande encore, il fut forcé en pleine assemblée d’en réitérer l’aveu le 12 mai 1791.

D’où proviennent les malheurs des Antilles ? Colons, c’est votre ouvrage, et vous en êtes les tristes victimes. Si, de concert avec l’Assemblée nationale, vous eussiez concouru à une amélioration progressive du sort des esclaves, la marche des événemens eût amené sans secousse

  1. Voir le Rapport sur les colonies, par Garran Coulon.
  2. Voir Traité d’économie politique et de commerce des colonies, par Page, in-8o. Paris, 1802, 2e partie.