Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut fait éclore un nouvel ordre de choses, Toussaint-Louverture m’écrivit, en me priant de procurer à cette colonie un nombre suffisant d’ecclésiastiques, religieux et républicains, dont le zèle et les talens pussent seconder ses vues. Cette demande coïncidant avec l’époque où la persécution désolait encore la mère-patrie, mes tentatives furent long-temps infructueuses. Il me suppliait de faire moi-même le voyage pour organiser l’administration spirituelle de Saint-Domingue. Dans l’impossibilité où j’étais d’accéder à cette demande, je parvins à remplir une partie de ses vues. M. Mauviel, sacré évêque de Saint-Domingue, partit sous les auspices du premier consul, avec trois estimables prêtres qui ont été victimes de leur zèle ; une proclamation de Toussaint-Louverture avait honorablement annoncé l’arrivée du prélat, qu’ensuite il ne voulut pas recevoir, parce que ce général nègre avait été égaré par des prêtres réfractaires et ambitieux. Le gouvernement, sachant que j’avais quelque ascendant sur l’esprit de Toussaint, m’avait invité à lui écrire une lettre qui fût de nature à resserrer ses liens avec la métropole. Celle que je lui adressai ne faisait que reproduire, sous une autre forme, les sentimens développés dans toute ma correspondance, et manifestés également dans les lettres qu’il m’a écrites.

Verrons-nous enfin les malheureux Africains soustraits