Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/409

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où figuraient aussi, dit-il, Talleyrand-Périgord, Mirabeau, Sieyes, Biron, etC ; lorsqu’il m’accuse d’avoir reçu de l’argent, ainsi que Sieyes, Volney, Bureau de Puzy, Champfort, Fauchet, etc.[1] ; assurément il me place en bonne compagnie. Des inepties de ce genre donnent la mesure de la crédulité ou de la bonne foi de celui qui les débite. Il n’est pas surprenant, dit un autre écrivassier, que je sois tellement imprégné du virus de la liberté, puisqu’avant la révolution je faisais des voyages fréquens en Suisse, où néanmoins je n’ai voyagé qu’une fois ; j’y fis connaissance avec Lavater, Gessner, Ochs, Tobler, Amman, etc, ; mais ce que l’auteur ignore et que je puis lui révéler, c’est qu’avant la révolution quelques hommes énergiques de l’est de la France, indignés des turpitudes de la cour, examinaient si l’on pourrait soulever ces contrées et en opérer la réunion à la confédération helvétique. Le secret néanmoins avait transpiré : car un jour, chez Barentin, garde-des-sceaux, quelque temps avant la prise de la Bastille, je fus très surpris de l’entendre raconter, peut-être à cause de moi, cette anecdote sur laquelle je ne crus devoir lui faire aucune observation.

L’idolâtrie de la royauté avait cependant encore bien

  1. Voir Correspondance politique et confidentielle de Louis XVI, lettre 24.